La consultation sommeil bébé et enfant

Charlotte POUYET est consultante certifiée en sommeil, professionnelle de la petite enfance et de la relation d’aide. Elle anime des ateliers Faber et Mazlish (“parler pour que les enfants écoutent”), des ateliers sur le post-partum et sur la parentalité au sens large. En atelier et en consultation, Charlotte utilise des outils soutenant une approche centrée sur la personne et sa famille.

Dans sa vie personnelle est l’heureuse maman de deux enfants nés en 2020 et en 2022, engagée dans « un projet de vie de décroissance et de sobriété heureuse », explique Charlotte. Elle se déplace aux domicile des parents nantais, pour des consultations en sommeil ou des ateliers de guidance parentale… en vélo cargo !

Charlotte a répondu à nos questions sur la consultation en sommeil du bébé, avec l’engagement singulier qui la caractérise et qui fait du bien !

Photo de Charlotte - Photographe : Salomé Danciu

Qu’est-ce qu'une spécialiste du sommeil ?

Une spécialiste du sommeil a pour mission de soutenir les parents qui font face à des difficultés quant au sommeil de leur enfant. C’est un métier qui exige des connaissances solides autour du post-partum, de l'allaitement, du sommeil des tout-petits et de la parentalité au sens large. C’est d’abord un métier d’investigation et d’évaluation, en tenant compte de l’âge du bébé/bambin, de son état de santé et de la situation dans sa globalité. Tout doit être passé en revu : le contexte médical, environnemental, le développement de l’enfant et l’environnement émotionnel autour du sommeil. La santé physique, sociale et émotionnelle des parents, en tant qu'individu et en tant que couple, est aussi à prendre en compte. Écouter, entendre ce qui se dit ouvertement et déceler ce qui est lourd et qui peine à être déposé, questionner les rythmes de l’enfant, ses habitudes… C’est un vrai métier d’écoute active, le but étant de renforcer les compétences parentales et de soutenir la fonction “gardien du sommeil” des parents.

On parle souvent de «méthode» ou d’apprentissage quand on parle du sommeil du bébé. Quelle est ton approche ?

Je vais être très claire sur ce point : je m’y oppose radicalement. Il y a aujourd’hui tout un marché autour de “l’endormissement autonome”, de “méthodes” et d’”apprentissages” au sommeil.

Je comprends bien que cela puisse fonctionner pour certains parents, désarmés face aux pleurs ou aux difficultés de leur enfant à enchaîner les cycles. Mais la priorité est toujours de comprendre pourquoi. Tout ce qui se joue autour du sommeil va bien au-delà du sommeil. C'est l'histoire de l'enfant qu'il convient d'écouter, l'histoire de l'accouchement aussi et bien plus de choses encore.

Les “méthodes” et “techniques d’apprentissage” sont un non-sens complet. "Faire ses nuits" est une compétence qui nécessite justement de l'accompagnement et une présence rassurante. Les méthodes de conditionnement apprennent souvent à renoncer aux co-régulations parentales. L’enfant laissé seul finit parfois par s’endormir par épuisement, le stress ne pouvant monter en permanence. Toutes les méthodes qui visent à destituer au parent sa fonction de “gardien du sommeil” et son sens de l’observation sont à fuir, elles ne sont profitables ni à l’enfant ni au parent.  Car l’enfant a besoin de se sentir soutenu et le parent a besoin de se sentir compétent. C'est sur ces fondations là qu'il faut travailler, et cela demande un vrai travail d’investigation et d’écoute, bien plus complexe qu’un plaquage de recettes.

À quel moment les parents font-ils appel à toi ?

Tout simplement quand ils ont besoin de trouver ou de retrouver leur fonction de “gardien du sommeil", quand l’assurance parentale doit être construite ou reconstruite. Quand il faut détecter, déceler les perturbateurs de l’endormissement. Cela peut aussi être dans le cadre d’une consultation anténatale, les parents veulent alors se renseigner sur le sommeil d’un nourrisson et son évolution. Je vois aussi très régulièrement des parents qui s’interrogent sur le sommeil de leurs enfants de 3 ans qui n’a “jamais réussi à s’endormir seul(e)”, des parents qui souffrent de cette situation et souhaitent apporter plus de sérénité au moment du coucher à leur enfant.

As-tu l’impression que tous tes accompagnements sont différents ou existe-t-il des situations qui se ressemblent et qui reviennent ponctuellement dans tes consultations ?

Ce qui revient régulièrement, ce sont les boucles d'aggravation autour du sommeil et l'activisme des parents. Les parents cherchent en vain à endormir leur enfant, ce qui accentue à chaque fois leur stress et leur sentiment d’incompétence. J’observe aussi une tendance prononcée à la culpabilité chez les jeunes mères. Elles sont souvent en première ligne pour répondre aux pleurs du bébé. C’est souvent elles qui se prennent tous les reproches contradictoires ou les jugements pseudo psycho-foireux des proches, ce qui peut aggraver leur détresse émotionnelle alors même qu’elles auraient besoin d’être soutenues puisqu’elles sont en plein remaniement identitaire. Reconnaître tout ce que ces mamans ont déjà fait, dans un contexte sociétal peu soutenant, est primordial.

S’il y en a un, quel est le conseil que tu donnes le plus souvent aux parents ?

La connexion à soi et à l’autre, c’est la clé ! J’invite souvent les parents à développer une qualité d’écoute et d’observation vis-à-vis d’eux mêmes, de leur conjoint(e) et de leur(s) enfant(s). C’est d’ailleurs, à titre personnel, ce qui me guide dans mes consultations et mes ateliers.

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